dimanche 20 décembre 2009

Avatar: chef d'oeuvre ou grosse bouse?

Chef d'oeuvre, bien évidemment que non. Grosse bouse, pas vraiment non plus... Le film de Cameron serait-il alors un bon film de divertissement sans autre prétention?


Comme on pouvait s'y attendre, le scénario d'Avatar semble écrit sur les toilettes par un enfant de 8 ans qui aurait beaucoup d'imagination, mais une imagerie fleur bleue et un propos métaphoriquement naïf et aussi banal que de trouver du pain dans une boulangerie.
Comme on pouvait s'y attendre les effets visuels sont une pure tuerie, on a jamais vu ça, et la 3D est généralement plutôt réussie et donne une magnifique immersion dans l'univers de Pandora.


Avatar, film prétexte à l'éblouissement collectif, à l'émerveillement par un déluge technologique aussi sidérant que fascinant. Pourquoi pas? Le cinéma de Cameron n'est généralement pas plus profond que ça, et le principe de la 3D se prête parfaitement à l'idée même de divertissement pur.
Pourtant, un film doit-il se limiter à la pure délectation visuelle? Ne doit-on pas raconter une histoire digne de se nom si l'ont veux donner l'impression de passer 2H40 à observer une carte postale animée?

Bien sûr Cameron est un narrateur, il sait conter un récit, mais quand il n'y a rien à raconter, l'ennuie n'est jamais bien loin. Heureusement, au cinéma, grâce à cette immersion 3D et à ses effets visuels "magiques" (oh des plantes qui s'illuminent quand on les touche! oh des plantes qui s'illuminent quand on passe à coté! oh des plantes qui s'illuminent quand on se connecte à leur branches! Ah ça, des plantes qui s'illuminent vous allez en bouffer!) on ne s'ennuie presque pas. Ou par intermittence, mais jamais bien longtemps.
Mais tous ces effets, toute cette élaboration d'un monde merveilleux n'est qu'un cache misère et je suis prêt à parier qu'une fois sur petit écran et en 2D, la poudre au yeux deviendra mélasse, et que ces innombrables scènes de pur bonheur contemplatif deviendront aussi répétitives qu'interminables. On est loin de la féérie et la poésie d'un Miyasaki, et pourtant le potentiel visuel est là.


Avatar, film de spectacle? Oui. C'est une certitude. Dommage que le spectacle réside plus dans le rendu visuel que dans les évènements. Cameron s'évertue ponctuellement à tenter de ranimer l'intérêt du spectateur à chaque fois qu'il traine un peu trop sur la description de son univers. Il a bien raison car tous ne sont pas des passionnés de botanique ou d'Ushuaïa Nature... Malheureusement les péripéties sont aussi insipides que navrantes: le héros se retrouve tour à tour pourchassé par une sorte de rhino en rut, puis par une sorte de dino pas beau, puis par une horde de monstres situé entre le loup et la hyène ayant fait un stage chez Resident evil, puis par une sorte de rapace géant, et enfin par de gros Marines américains armés jusqu'aux dents... Bref, l'inventivité scénaristique saute aux yeux !
Avatar, film de spectacle, où la description purement visuelle d'un monde est plus importante que la définition socio-culturelle et ethnique de son peuple. En effet, la société Naa'vi est à peine esquissée, réduite en une caricature de primitivité, ce qui est vraiment dommage car on aimerait en savoir plus sur eux. Cameron préfère nous montrer un nombre incalculable de plantes phosphorescentes plutôt que de nous intéresser à la tribu dans laquelle Jake Sully doit réussir à s'intégrer. Il favorise également une sorte d'histoire d'amour improbable qui semble arriver un peu rapidement. Avatar, plus proche de Pocahontas que de Danse avec les loups.



Seule la dernière demi heure offre son lot de spectacle visceral. Cameron n'a rien perdu de sa science de la scène d'action, et prouve qu'il est bien meilleur narrateur de grosses batailles armées que Peter Jackson, George Lucas ou Andrew Adamson.

Attention aux SPOILER:
Que dire encore d'Avatar, si ce n'est que le message qu'il délivre dans cette allégorie manichéenne de la conquête de l'ouest? La simplicité n'est pas forcément un défaut, elle peut être très efficace dans le domaine du divertissement, si l'on sait broder autour et bien rythmer son récit. Les élucubrations mystiques de la fin ne sont pas sans rappeler les scènes les plus magiques de Princesse Mononoke , mais là ou le traitement "à l'ancienne" (et le respect de la tradition qui en découle) de Miyazaki colle au propos panthéiste du récit, dans Avatar, la prédominance de la technologie (effet ordi, 3D) ôte du charme et de la cohérence à ces scènes. Notons également que l'histoire montre la technologie, création humaine, comme le mal absolu: la technologie contre la nature, l'éternel débat naïf et stupide du XXeme et de ce début de XXIeme siècle. Même Wall-E à été plus fin. Et pourtant, l'avatar dans le film est le produit même de cette technologie, et c'est lui qui ramène l'équilibre. Mais n'oublions pas qu'en même temps son aspect technologique est finalement abandonné au profit d'un corps purement vivant: Le bon sens favorise la nature, la vie... L'histoire d'Avatar semble vouloir valoriser le retour aux sources, et diabolise la technologie sans âme...
Etrange message que nous délivre Cameron alors que son film en tant qu'objet est un prétexte à montrer un savoir-faire technique, une sorte d'apologie de la technologie, une technologie qui -il le dit lui-même- va bouleverser le cinéma! Une technologie qui, en sommes, est celle de l'avenir, au même titre que l'a été l'arrivée du son ou de la couleur en son temps, et qui condamne toute autre forme de cinéma à devenir ringard voire obsolète... Un principe qui va à l'encontre de cette "morale" à deux balles portée par l'histoire d'Avatar qui voudrait valoriser un retour à la tradition, à ce qui est "vrai"... De cette incohérence résulte le plus grand défaut et la plus grande force de ce film: sa capacité à faire parler plus du cinéma que du film lui-même.

jeudi 10 décembre 2009

Osamu Thomson

Je suis en train de chercher des images pour illustrer ma prochaine chronique sur Du9, sur la biographie dessinée de Tezuka Osamu sortie chez Casterman (collection Ecriture), et j'ai bien rit quand j'ai vu que les commentaires sur cet album étaient ceux destinés à Un américain en balade, de Craig Thomson...
la preuve:


Ils sont fort chez Caster...