mardi 23 mars 2010

The Ghost Writer, de Roman Polansky




J'ai toujours bien aimé Polanski en général, à part quelques rares exceptions (mettons Pirates et le Bal des vampires qui a salement vieillit, et je n'ai pas vu Oliver Twist...), même ses films souvent considérés mineurs, comme La jeune fille et la mort ou Frantic... Mais j'ai aussi toujours trouvé ses films assez faciles d'un certain côté ( répulsion: hyper prévisible, Rosemary's Baby: la scène d'accouplement avec le diable trop explicite, trop marquante, pas assez onirique pour qu'on croit à un cauchemard; Tess: un peu facile d'émouvoir avec une histoire si dramatique, s'en est même trop; Le pianiste: sujet tellement fort qu'il ne peux qu'être marquant). Ghost Writer est un bon Polanski, qui confirme une nouvelle fois son talent pour le polar, et la mise en place lente mais diabolique d'un système narratif qui isole le personnage de manière redoutable face à quelque chose qui le dépasse (on retrouve ça dans Répulsion, Rosemary's Baby, Chinatown, Tess, Frantic, La neuvième porte -mais moins réussit-, et quelque part aussi dans Le pianiste).
On parle beaucoup de ce film en terme de polar Hitchcockien, et si Polanski n'a pas le même génie technique que le maître, il arrive pourtant à s'en approcher par moment. Il avait déjà montré qu'il savait filmer des polars "à l'ancienne" avec Chinatown (1974 avec Jack Nicholson, hommages aux polars noirs des années 50), mais aussi avec Frantic ( 1988 avec Harrison Ford, et qui se passe dans un Paris contemporain), il le prouve à nouveau avec Ghost Writer.
Maintenant, il faut avouer quand on a prit l'habitude d'un cinéma plus dynamique, plus moderne (j'allais rajouter plus tape à l'oeil aussi mais ca serait oublier des films comme Zodiac de Fincher qui sont particulièrement sobres, plutôt lents, mais pourtant très modernes... et excellent!) on peux trouver Ghost Writer assez plat, voire ennuyeux. Néanmoins, l'une des principales force du cinéma polanskien c'est de progresser en intensité au fur et à mesure que le film avance. En celà The Ghost Writer est très représentatif de cet aspect, devenant de plus en plus diabolique jusqu'à son apogée: une magnifique séquence finale qu'il serait impardonnable de dévoiler dans ces lignes.
L'intelligence de la mise en scène de Polanski ne réside pas seulement dans la forme, sobre mais impeccable, mais aussi de savoir de reposer sur d'excellents acteurs et de parfaitement les diriger (je ne savais pas que Pierce Brosnan pouvait bien jouer!).
L'aspect hyper réaliste du scénario et de ses thématiques, ainsi que les échos au monde politique et médiatique réel auquel il renvoit sont un des aspects les plus intéressants du film. Malgrés tout, le scénario reste globalement pour moi la petite faiblesse du film (comme pour Shutter Island, mais comme c'est plus crédible et moins surfait ça passe mieux), malgré ses qualités évidentes, il est peut-être un peu trop simple pour être hyper attrayant, l'intérêt venant avant tout du traitement du cinéaste plus que des rebondissements scénaristiques, et la mise en place d'une vraie intrigue est peut être trop longue...
La fin, cette dernière séquence citée plus haut, est aussi scénaristiquement très très bof, difficile pour moi d'argumenter sans en dire trop. Mais ce potentiel ratage est sublimé par la plus merveilleuse idée de mise en scène du film: subtile, discrète, évocatrice, suggestive et à double sens de lecture. Une idée de maître, la seule où Polanski égale Hitchcock sans sourciller. Un scénario qui dans des mains différentes aurait pu faire un film ennuyeux, en somme.

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