mardi 16 février 2010

Sherlock Holmes, de Guy Ritchie

je viens de voir Sherlock Holmes, de Guy Ritchie




Bon, faut pas être un fanatique acharné du détective de Baker Street, sinon on risque d'être déçu, voire outré. On a un peu un personnage de Sherlock Holmes à la sauce Indiana Jones (pour le coté séducteur perspicace, bagarreur invétéré, cascadeur chevronné, impétuosité naive et pour le surjeu amusant de l'acteur qui en fait des tonnes mais c'est ça qui est bien), mais point de vue pur divertissement, ça fonctionne plutôt pas mal. Il ne faut pas en demander plus, je crois. Le scénario ne brise pas 13 pattes à un dindon au niveau de l'originalité, mais les dialogues, le rythme du récit, et l'aspect fascinant du Londres victorien fait qu'on ne s'ennuie pas vraiment. On passe même un bon moment, je dirais. Les scènes d'action sont plutôt réussies (quelques grossièretés, notamment dans la scène du chantier naval, mais c'est habituel dans les blockbusters), et Guy Ritchie se prend même le luxe de réaliser la plus belle et impressionante scène d'explosion que j'ai vu au ciné. Alors certes, ça fait pas un film, mais puisque le film est chouette, c'est un petit plus qui fait plaisir.
Guy Ritchie est vraiment un réalisateur jemenfoutiste, mais virtuose. La mythologie de Holmes? Il s'en branle (mais ne filme pas comme un branlot pour autant), il s'amuse à la détourner, souvent de façon amusante, en frôlant parfois l'irrespect total de l'oeuvre originale. Les fans grinceront des dents, moi ça me fait plutôt marrer. Son talent pour méler action, intrigue et comédie, ainsi que le ton relativement détaché du récit et son inventivité narrative et formelle en font, je crois, un des meilleurs rejetons de Spielberg (pour ses films de divertissements)...
Rajoutons que les deux acteurs principaux sont parfaitement dans le ton, et portent la dynamique du film de manière admirable. Point noir pour la fiancée de Watson (interprétée par Kelly Reilly), qui est tout simplement mauvaise, très mauvaise même. La voix française n'aidant pas, il faut dire, mais déjà son jeux est complètement à coté de la plaque sur au moins 2 scènes. Il faut dire qu'il est difficile de briller aux côté de Robert Downey Jr, tellement son jeu à un tempérament écrasant...
Même si d'un côté je regrette qu'une super intrigue policière qui troue le cul comme on en trouve dans les romans de Doyle soit absente au profit d'un film plus simple mais bien mené, je dois bien avouer que ça fait plaisir de voir un bon blockbuster réussit de temps en temps, surtout qu'ils se font rares. Par contre mon plus gros regret, je crois, c'est une grosse édulcoration du côté cocaïnomane du détective, puisque cet aspect est tout bonnement absent du film... Mais nous avons à faire avec un blockbuster qui vise un large public, et c'est pas beau pour les enfants ça Mr Holmes, répétez après moi: "la drogue, c'est maaaaal". Bref. Il y a tellement de choses à faire avec une telle addiction (sur un plan psychologique mais aussi sur un plan comique, plus dans le ton du film) que j'ai été déçu par cette absence que j'estime de taille.
Me reste à espérer qu'un jour des scénaristes inspirés parviendront à nous pondre une véritable intrigue Holmsienne réussie au cinéma, ce qui n'a jamais été le cas pour l'instant.

mercredi 3 février 2010

Angoulème 2010: point de vue sur le palmarès


Comme chaque année, la révélation du palmarès du festival d'Angoulème ne se fait pas sans réactions de mécontentement et autres railleries... Mais cette année tout particulièrement, les résultats sont bien étranges. Déjà la divulgation de la sélection officielle était surprenante sur plusieurs aspects:
- Je m'interroge encore sur la présence de l'intégrale de la guerre d'alan, certes magnifique (je l'ai acheté pour l'offrir a noël), mais qui reste un ensemble d'albums parus il y a quelques temps maintenant, et qui ont été déjà sélectionné (au moins le T.3 de souvenir).
- La sélection de Dungeon Quest de Joe Daly, plutôt que de son précédant album sortit début 2009: The red monkey. Tout aussi original et déjanté, mais assurément plus prenant dans sa lecture (Dungeon Quest est plus une suite de sketches qu'un véritable récit).
- Etrange également cette sélection de Billy Brouillard, sortit en novembre 2008 ! Novembre c'est tard, certes, mais cette année par exemple L'ancien temps, de Joann Sfar, est sortit en novembre 2009 et à été sélectionné... Alors OK, Bianco est un inconnu du palmarès, et Sfar est un habitué du palmarès... Ca explique beaucoup de chose... Il y a une véritable forme d'injustice, de plus Billy Brouillard à peut être prit la place d'un autre livre paru en 2009 qui aurait lui aussi mérité sa nomination... Comme Dieu en personne, par ex... Ce qui nous amène à notre 4ème et dernier point:
- L'oublie scandaleux de Dieu en personne, l'album de Marc Antoine Mathieu, bien au dessus du lot que la quasi globalité de la sélection. Un oubli inconcevable, incroyable, Angou l'a fait! Bien sûr on me dira que mon avis est totalement subjectif, et pourtant le forum bulled'air par exemple le consacre meilleur album de l'année, ex-aequo avec Blast de Larcenet... Je ne suis donc pas le seul de cet avis... Je serais à peine étonné de le voir dans la sélection officielle de 2011 alors qu'il est sortit en septembre 2009!
Sinon je suis très content pour Tea Party de Nancy Peña, même si je lui préfère son précédent: la chat du kimono, oublié l'année d'avant.

Le palmarès 2010:

Fauve d'or (meilleur album): Pascal Brutal T.3, de Riad Sattouf. (Fluide Glacial)

Très étrange que cet album soit L'INDISPENSABLE de l'année. Au début j'ai cru à une blague (genre le site du festival piraté par un copain à Sattouf), c'est dire... Et pourtant, non. Il est vrai que les albums d'humour sont rarement primé à ce niveau, tout comme les comédies au cinéma, pourtant on ne peut nier que Sattouf soit un vrai auteur, avec du style et du talent. C'est un fait, le bougre est un as de la satyre sociale. Pourtant, il faut bien avouer que ça n'est très certainement pas la série la plus intelligente et intéressante de l'auteur, et surtout il ne faut pas oublier que le reste de la sélection contenait de sacrés oeuvres telles que George Sprott (Seth), Blast (Larcenet), Jolies ténèbres (Velhmann et Keraskoët), Le Petit Rien tout neuf avec un ventre jaune (Pascal Rabaté), Pachyderme (Frédérik Peeters) ... Gageons qu'on aurait bien aimé pouvoir assister à l'échange des jurés tant les arguments semblent difficile à poser face à des "monstres" tel que Seth ou Larcenet, ou à l'originalité de ton d'un Pachyderme ou d'un Jolie Ténèbres (notez que ces deux derniers albums ne m'ont pas plus transcendé que ça, cf mes chroniques sur du9.org, mais je les trouve néanmoins bien plus intéressants sur de nombreux points)...


Fauve de la série: Jérome K. Jérome Bloche, de Dodier. (Dupuis)

Une série policière grand public comme on en fait plus. L'hommage pour l'ensemble du travail de Dodier sur cette série est tout à fait compréhensible, voire mérité.


Prix spécial du Jury: Dungeon Quest, de Joe Daly (l'association)

Prix certainement mérité, mais qui fait regretter la non sélection de Red Monkey, son précédent bouquin. Notons que la démarche (faire de l'Héroïc Fantasy drôle et originale) est saluée par le jury. Un appel?


Prix Intergénérations: Messire Guillaume: L'esprit perdu, de Gwen de Bonneval et Mathieu Bonhomme. (Dupuis)

Ah voilà un des nouveau prix de cette année. Le prix "intergénérations":Un grand n'importe quoi, qui signifie en somme "la BD qui plaira de 7 à77 ans"... Notez que L'esprit perdu (en fait une intégrale de l'excellente série d'aventure Messire Guillaume) est très certainement la seule bande dessinée de la sélection officielle à pouvoir être appréciée de la même façon par une très large tranche d'âge (avec peut être Billy Brouillard, mais la mort et les cauchemars sont moins tout public tout de même)... C'était pas bien compliqué de choisir!


Prix regard sur le monde: Rébétiko, de David Prudhomme. (Futuropolis)

Encore un nouveau prix vraiment vaseux... On ne comprend pas bien ce qu'il signifie, alors lorsqu'on voit que Rébétiko à été primé, on se dit "Ah OK", mais c'est pas plus clair pour autant.


Prix de l'audace: Alpha connection, de Jens Harder. (Acte Sud - l'an 2)


Voilà certes un album audacieux, original et aux pages somptueuses. A quand un prix pour Pierre Duba, L.L. De Mars ou Greg Shaw alors? Ah mais oui, suis-je bête, il faudrait d'abord qu'ils soient nominés !


Prix du patrimoine: Paracuelos, de Carlos Gimenez. (Fluide Glacial)


Ah ben tiens voilà qu'une série déjà primée à Angoulème (Paracuelos T.1, meilleur album en 1981) est à nouveau récompensée? Il n'y avait pas de place pour les autres? Ou alors c'est pour primer un 2ème album pour Fluide Glacial, maison d'édition d'humour, qui avait décidé de ne pas venir au salon cette année là... C'est des coquins ces jurés, c'est à croire qu'ils veulent vraiment les revoir l'année prochaine !


Prix de la révélation de l'année: Rosalie Blum, T.3, de Camille Jourdy. (Actes Sud BD)


Je n'ai jamais lu d'album de Camille Jourdy, mais c'est normal: c'est la révélation de l'année! Etonnant alors que ce soit seulement par ce tome 3 que le talent de l'auteure ai été révélé au monde!Il leur faut du temps à angoulème pour découvrir les nouveaux anciens talents...


Fauve jeunesse: Lou T.5, de Julien Neel. (Glénat)


Effectivement Julien Neel à beaucoup de talent, bien sûr Lou est une des meilleures séries jeunesse du moment, et cet album l'un des meilleurs de la série (le 2eme meilleur à mon sens). Mais Lou à déjà été primé pour son tome 1, dommage de la récompenser à nouveau car elle n'est pas la seule à être de grande qualité! Par exemple, le T.3 de la série le voyage d'Estéban de Mathieu Bonhomme (en compétition) à été un petit miracle de la BD jeunesse de cette année, mariant allègrement aventure, tragédie, suspense, fantastique et humour. Mathieu Bonhomme confirme le prix de la révélation de l'année qu'il à reçu en 2003 pour l'âge de raison. Dommage que le festival n'assoit pas cet auteur, principal acteur d'un renouveau du classissisme inspiré par les années 70, comme le grand raconteur et grand dessinateur qu'il est.


Prix du public: Paul à Québec, de Michel Rabagliati (La pastèque)

Gros buzz sur la toile, comment cet album, pas encore paru en France, aurait-il pu avoir le prix du public?! Mael Rannou l'explique fort bien sur le site du9, et l'on se réjouira alors que ce soit une bonne série et une toute petite maison d'édition qui remporte ce prix.


Prix de la BD alternative (Fanzine) : Spécial comics N°3.

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