mercredi 19 mai 2010

Lectures BD

Je me rend compte que je parle finalement peu de bande dessinée, mais c'est parce que je n'en ai pas beaucoup lu ces derniers temps. En fait mes dernières lectures remontent presque toutes à l'après Angoulème.


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La porte, de José Parrondo.
Alors, déjà je suis assez fan de l'univers de parrondo, cette sorte de fausse naïveté et ce côté minimaliste graphique me botte bien. Mais surtout parrondo est un auteur que je trouve très ingénieux, un peu comme un Trondheim, un Ibn Al Rabin ou un Greg Shaw, et j'adore ça^^
Mais ca fait quelques temps que j'arrivais plus trop à retrouver la vrai fraicheur de mes premières lectures Parrondienne. Ca commencait à tourner en rond, les derniers albums débutaient toujours bien, rythmés et plein d'idées, et ils s'affadissaient petit a petit jusqu'à une fin généralement décevante...
J'ai attendu longtemps un nouveau livre (il a bossé pour le dessin animé pendant 2 ans ce qui l'a empêché de faire du livre), et je ne sais pas si c'est cette attente, ou le fait que Parrondo ai retrouvé son support de prédilection. Mais ce livre est un petit bijou. Il n'avait jamais été si poétique et introspectif, c'est très touchant. Tout ça sans perdre son coté faussement enfantin, léger et drôle, ni son ingéniosité fulgurante. Ce livre m'a épaté.

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5000 Km par seconde, de Manele Fior.

Alors Manuele Fior est un putain de dessinateur, il faut bien le dire. C'est un gars qui a une palette graphique inouïe et qui à une sensibilité dans son trait vraiment magnifique je trouve. Donc cette album est visuellement à pleurer, tout en aquarelle, aux ton légèrement pastel (mais pas mièvres) jouant sur les tons et les ambiances. Mais Manuele Fior est aussi un putain de narrateur quand même. Quand on lit, même si l'histoire n'est pas passionnante, on a du mal à décrocher. Je ne sais pas si c'est juste un grand graphiste mélangé avec un grand conteur, ou si c'est juste un gars avec un évident bagage technique et qui a réussit intelligemment à trouver la parfaite alchimie entre le plaisir de l'image et celui de la séquentialité.
Je n'ai pas été parfaitement conquis par l'histoire de ce livre, que j'ai trouvé un peu trop esquissé, j'aurais aimer rentrer plus dans la profondeur. Mais en même temps de rester un peu spectateur de ce récit, ca colle parfaitement à ce qu'il a voulu faire, un récit sur le passé et les actes manqués, comme si on revivait chaque instant de la vie passé des personnages, comme des souvenir. Ca nous permet de se dire à chaque fois, "ouais ca c'est passé ainsi, mais ca aurait pu se passer autrement si..."
Un beau livre, sensuel et terriblement nostalgique. Un peu déprimant aussi. Peut-etre trop.

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Au recommencement, de Thomas Gosselin

Un dessin un eu étrange auquel j'avais un peu de mal à trouvé un vrai intérêt à la base (pourtant j'aime bcp la couverture). Pourtant à la lecture, le récit est si étrange, si décalé, carricatural, drôle et incroyablement intelligent, que le dessin m'est apparut hyper inspié, et à la parfaite image de ce récit.
J'ai rarement lu un livre aussi barré sans être trop dans le n'importe quoi, aussi intelligent sans être prétentieux, aussi bavard sans être chiant, aussi personnel sans être égocentrique... Bref un livre intrigant et passionnant, qu'il est bon de lire et relire, si on s'en donne le courage à la base.

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Donjon crépuscule T.106: Révolution, de Sfar, Trondheim et Obion

Bon il faut bien de lire, pour moi Donjon est une série qui commencait sérieusement à battre de l'aile. Je sentait des auteurs qui se prenaient plus au sérieux qu'au début de la série, et des auteurs qui semblaient avoir moins de plaisir à écrire des scénarios. C'est marrant de développer des univers et des personnages, et il sont fort pour ca les deux gaillards. Seulement, quand il s'agit de créer un récit fleuve à un rythme d'enfer, on sent qu'ils s'épuisent un peu... (d'ailleur le rythme c'est terriblement atténué -certainement au cause des excursions cinématographiques de Joann Sfar, mais pas que, je pense qu'ils avaient un peu besoin de prendre du recul...)
Pourtant ce nouvel opus de donjon crépuscule à été le premier depuis bien longtemps (au moins 2 ans) à me procurer un vrai plaisir de lecture. Et en plus Obion dessine à merveille l'univers donjonesque, un vrai bonheur, ca bouge, c'est souple, ça vit!
En gros : C'est drôle, c'est frais, c'est original, c'est envolé, y a de l'aventure, du sexe, de l'action, de l'humour sous diverses formes. Tout ce qu'on aime dans donjon quoi. Et ça fait du bien.


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Travelling square district, de Greg Shaw

Alors difficile pour moi d'être objectif, tant je suis fan du travail antérieur de Greg Shaw, et que ce type, sans aller jusqu'à dire que c'est un ami, je dirais que c'est un pote. (merci à lui de me l'avoir envoyé gratos par la poste)
Pourtant il faut bien le dire, ce gars là est très ingénieux, et sacrément doué.
Je n'ai pas été particulièrement emballé par le récit lui-même, assez banal malgré un côté satyrique très apréciable. Mais avant tout Greg Shaw est, comme il aime bien le rappeler lui-même, un auteur conceptuel. Et là le concept du bouquin, c'est tout simplement de la balle. Un parcours pictural sur une même image (celle de la couverture) sur laquelle on zoome pour se rapprocher d'une scène avec des personnages. Tout ca se croise et se recoupe, pour nous donner un récit policier assez bien foutu.
En plus, il s'est mit pour la 1ère fois aux dialogues, et il est plutôt bon dans le domaine, le bougre.
Chui pas jaloux, mais presque.

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Love and Hat, de BigBen

Alors, un peu comme Greg Shaw, BigBen étant un pote, je part forcément avec une idée positive. Mais j'avoue avoir été particulièrement surpris (agréablement) par cet album. Moi qui l'ai toujours trouvé bon dans les dialogues, j'ai été surpris de le voir faire du muet. Et pourtant sacré réussite ! Il est parvenu a faire un album sacrément riche avec aucun mot.
Ca parle d'un homme portant un chapeau (melon). Il est gros et à un gros pif. En plus il a une profession pas très glamour: il est astronome. Comment quelqu'un ayant la tête dans les étoiles pourrait-il trouver l'amour sur terre? Pourtant, voilà bien un objectif que notre personnage principal à l'rai de s'etre fixé: trouvé l'amour. Il le cherchera partout, sous des formes différentes (agences matrimoniales, meetic, la voyance...)...
Il y a une vrai profondeur dans se bouquin, une poésie légère et un humour subtil. BigBen est très fort pour la satyre, j'adore son petit côté sarcastique (voir ceci par ex: http://groinge.free.fr/cxp/hotpouf2.gif), et cet album en compte un bon paquet. C'est un ensembles de petites histoires divisées en chapitres, et chacune ou presque à son propre ton, sa propre identité. C'est assez varié, et à chaque fois on est surpris par ce qu'il s'y passe.
Son meilleur album, sans aucun doute...

Sinon je lis un peu des mangas...

http://img.amazon.ca/images/I/519tHPwaIqL._SL500_AA300_.jpg
Pluto, de Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki
d'après Osamu Tezuka

3 tomes parus en france pour le moment. Difficile de se faire un avis. Personnellement, je suis assez dubitatif. Je m'attendais peut etre à autre chose... Urasawa pour moi, c'est un auteur qui enchaine les cliffangers et les rebondissement à une telle vitesse qu'on à pas le temps de réfléchir. Du coup, c'est prenant, hyper prenant. C'est aussi un auteur qui parvient à créer un univers et une ambiance terriblement fascinante, sans pour autant piocher dans une imagerie collective voire populaire... C'est aussi un auteur qui sait créer des personnages qui ont une certaine consistance, une profondeur.
Là je ne retrouve rien de tout ça...
Le récit est plan plan, l'intrigue pas hyper passionante, et les personnages assez creux (c'est normals c des robots me dira-t-on!). Et c'est pas parce qu'il nous montre, par ex, un robot qui sait jouer de la musique belle à en pleurer que ca leur donne de la profondeur, au contraire, ca fait cache-misère.
Pourtant je dois avouer avoir apprécié le 3ème tome. On est un peu sortit du systématisme narratif des deux premiers (la mise en place a donc été un peu trop longue pour moi), pour enfin flirter avec un certaine sensibilité (l'humanité des robots) et un vrai récit (on est plus dans le "un robot se fait tuer, l'enquete piétine, un autre robot se fait tuer, l'enquête piétine encore, un autre robot se fait..."). J'attend de voir la suite.

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Bienvenue dans la NHK, de Tatsuhiko Takimoto et Kendi Oiwa

J'avais adoré l'animé, acide, subversif, un peu dingue et sacrément drôle. J'ai été un peu déçu par son adaptation papier. Ca va trop vite, et les gags sont trop souligné, ce qui donne l'impression que les auteurs sont plus dans l'optique d'ouvertement se moquer des Hikikomoris (cette branches des Otakus japonais, qui en vient a se couper du monde et a rester enfermé dans leur chambre des mois durant, parfois des années). Alors qu'à la base, cette moquerie pousse plutôt à la réflexion sur la société et de la perception qu'on a des autres, de notre propension au préjugés, etc... Là, du coup, le propos est un peu trop en retrait, ça fait un peu gratuit. Néanmoins, si on prend un peu de recul, cette série reste un ovni trash (encore plus trash que l'animé par moment), qui n'a pas peur de démonter ses personnages principaux sans aucune pitié, de les rabaisser au niveau le plus bas de la loositude... Oui, tous les personnages important de NHK sont tous des loosers, de sacrés loosers même. Si la série a tendance à se répendre un peu dans la redite dans les 3 avant derniers volumes, le dernier enfonce bien le clou. Une curiosité, drôle et qui donne une vision de la société japonaise bien loin de l'édulcoration habituelle des shonens ou autres shojos... A lire tout de même donc, surtout si on s'intéresse à tout ce qui est japonaiserie.

dimanche 9 mai 2010

Nightmare detective, de Shinya Tsukamoto


http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/nightmare-detective,112577

Tokyo. Plusieurs personnes sont retrouvées sauvagement mutilées dans leur appartement. Alors que tout porte à croire qu'il s'agit de suicides, la jeune détective Keiko Kirishima découvre que les victimes ont composé le même numéro "0", avant de mourir. En suivant cette piste, Keiko va se retrouver sur la trace d'un serial killer hors norme : celui-ci a le don de s'introduire dans les rêves de ses victimes pour les pousser à se tuer dans leur sommeil. Pour arrêter l'assassin, elle fait appel à un homme mystérieux, le "nightmare detective", qui a lui aussi le pouvoir de s'immiscer dans les rêves des gens...

Après avoir vu ses deux célèbres et cultes films gores expérimentaux (Tetsuo et Tetsuo 2), j'ai eu envie de voir ce que donnait un film de Tsukamoto plus commercial. Eh bien bof bof. Moi qui m'attendais à une claque comme Suicide Club (il va falloir que j'en parle de celui-là), j'ai été déçu. Il faut dire que Nightmare détective, tout comme Ring ou Suicide club, ont été de vrais phénomènes au Japon. Ayant aimé Ring et Suicide Club, j'en espérais beaucoup. Surtout que le sujet, plutôt glauque, paraissait convenir à l'univers visuel de Tsukamoto... Alors visuellement, c'est une tuerie, oui. Tsukamoto est vraiment un grand esthète et un virtuose de l'image et du montage. Incroyable de voir ce qu'il est parvenu a faire avec un budget similaire a celui des films Death note: Les deux sont incomparables au niveau filmique.
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Après: Trop de technique visuelle tue un peu l'ambiance et l'immersion dans le film. Et c'est bien dommage parce que pour un film se voulant proche de l'épouvante, voire de l'horreur, ben on a pas peur une seule seconde... Quelques instants de lègère tension par ci par là. Le scénar est à deux balles, ce qui est triste parce que le sujet est tellement vaste et ouvert que toutes les folies auraient pu etre tentées. Mais non, ca reste hyper classique, sans surprise. Le personnage du Nightmare detective, très charismatique, n'est presque jamais à l'écran, il n'est même pas le personnage central du film. C'est plutot l'enquêtrice qui l'est, l'actrice étant une chanteuse populaire nippone, je vous raconte pas l'étendue de son jeu, et on comprend bien pourquoi elle est au centre du film: faut bien rentabiliser sa présence... Bref grosse déception pour moi, le film est quand même bien loin d'être tout pourrit, certaines scènes sont super, mais un scénar trop simpliste et une réalisation trop froide font perdre au film toute la substance que l'ambiance visuelle et le sujet mettent en place...

Piano forest, de Masayuki Kojima



http://www.dailymotion.com/video/x9kc6k_piano-forest-bande-annonce-du-film_shortfilms

L'un est un fils de bonne famille élevé dans l'ombre de son père. L'autre est un enfant des rues indomptable qui n'obéit qu'à ses instincts. Ces deux adolescents ont une passion commune: le piano. Mais l'un et l'autre cultivent un rapport différent à la musique. Pour le premier, c'est un challenge qui se gagne par l'effort. Pour le second, c'est l'expression secrète et ludique de sa nature profonde. Mais seul le second parvient à jouer du piano de la forêt...

Le rapport à l'autre et à la musique, la nuance du travail et du don, la poésie, le fossé socio-psychologique... Tels sont les thèmes principaux de ce dessin animé. Gentillet et ludique, il hésite dans une première partie entre un ton fantastique, voire onirique et un ton résolument réaliste, qui finira par s'imposer par la suite. Dommage peut-etre... il y aurait eu quelque chose a creuser. Néanmoins, la "seconde" partie et ce concours de piano est intéressante et amusante, donc pourquoi pas.
Un joli petit film tout public. Absolument pas essentiel, mais quand même plutôt original dans ses thèmes, et très agréable. Ca passe comme une sonate en ré mineur :)
en moins chiant :lol:

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Pas grandiose, mais un bon petit film pour passer un bon petit moment quoi. C'est ce qu'on demande avant tout^^

Inglorious Basterds, de Quentin Tarantino



Aujourd'hui, vite fait, j'aborde le dernier Tarantino:
Film en dents de scie, qui passe des passages ennuyeux (les passages sensé être des séquence de tensions, complètement plates... Heureusement les acteurs assurent sinon ca serait insupportablement chiant), aux pures fulgurances jubilatoire (les séquences violentes qui suivent généralement les scènes de soit-disantes tension. Un effet défouloir bienvenue).
Sinon, j'ai trouvé la scène finale du ciné très réussie. Et la scène du début (l'interrogatoire du fermier) très ennuyeuse et maladroite (surtout si on compare aux fantastiques scènes du même genre dans L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford, dans lequel il y une vraie tension, subtile, moite et palpable!).
Il faudrait que Tarantino cesse d'essayer de filmer les émotions (comme dans Kill Bill) ou les ambiances (comme ici) et qu'il continue de faire ce qu'il sait le mieux faire: être un trublion provoc et excessif. C'est cet aspect là qu'il a toujours le mieux réussit dans ses films ...
Ajoutons tout de même aussi à ce dernier point son côté "dico du cinéma de genre ambulant" et son cortège de références et citations, mais qui ne parle qu'aux cinéphiles... Ca il sait le faire, oui, et c'est amusant, bien que ça ne fasse pas un bon film...
Le film aurait pu être une merveille si la mise en scène avait réussit à parfaitement sous-tendre la tension qui devrait se ressentir de par le jeux des acteurs et la subtilité des dialogues. Là, les scènes de violences aurait eu une parfaite fonction cathartique (ce film est d'ailleurs une immense catharsis où les nazis semblent être devenus le défouloir de tous les maux de la terre), là je dirais que ca réveille tout au mieux.
Assez décevant donc malgré un bon concept et quelques excellentes idées.
Le film finit sur ces mots: "Je crois que c'est mon chef d'oeuvre".
Est-ce bien le personnages interprété par Brad Pitt qui parle, ou bien Tarantino le scénariste, le cinéaste?
J'ose juste espérer qu'il n'a pas eu cette prétention là avec ce film, ça n'augurerait rien de bon pour l'avenir de son cinéma...

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Je remarque que je parle beaucoup de cinéma ici, et surtout de films assez médiathiques... Ca la fout mal pour un soit-disant cinéphile.
La prochaine fois je vous parlerais d'un film bien moins connu (mais je sais pas encore lequel)...