jeudi 20 octobre 2011

Séance ciné oct 2011

Drive
de Nicolas Winding Refn



Oubliez tous les autres films de voiture. Oubliez-les bien car Drive n'en est pas un. Inutile de tenter de les comparer. Prenez plutôt un soupçon de Pusher pour l'aspect mafieux, un peu de Bronson pour les fulgurances violentes, et une bonne dose de Valhalla rising pour l'ambiance hypnotique. Ces trois références tombent bien: ces films sont tous signé Nicolas Winding Refn, le réalisateur de Drive. On pourrait presque dire qu'il signe là un aboutissement de toutes ses obsessions précédentes, car on ne peut véritablement pas parler ici de redite. Chacun de ses films était très différent et avait comme seul point commun une violence parfaitement retranscrite et une science de la narration et des atmosphères hors normes. Jamais de totales réussites pour moi, mais tous intéressant. Drive, c'est pareil. Le film est loin (mais alors très loin) d'égaler les plus grands films noir ou films mafieux tellement son scénario est fade et sans saveur. Une pur produit de studio, avec des personnages creux, une relation amoureuse insipide (et pourtant au centre du film), et un thème qui tourne autour de la bagnole et qui laisse présager pour les studios des tas de courses poursuites effrénées qui durent des plombent (c'est pour ça qu'il ne faut pas trop détailler les personnages, vous comprenez, ça prendrait trop de place dans le film, mieux vaut les courses poursuites, c'est plus vendeur...).
Bref, vous l'aurez compris, Drive est un film de commande.
Mais Nicolas Winding Refn livre un film qui va au-delà de ce qu'aurait réalisé un quelconque artisan de studio: Une vrai leçon de cinéma, ou "comment transcender un scénario insigifiant".
C'est un cinéaste virtuose, certes, cela est établit depuis quelques films, mais c'est surtout un des rares réalisateur actuel à être capable de rendre compte d'une véritable intensité. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vécu au cinéma (en salle) autant d'émotions fortes. Une atmosphère constamment tendue, avec quelques fulgurances sensationnelles.
Le réalisateur compense la banalité du scénario par un choix d'acteur judicieux, qui incarne une profondeur rien que par leur présence à l'écran, Ryan Goslin en tête, impressionnant de finesse et d'assurance. Il préfère également leur conférer un mystère plutôt qu'un bagout inutile et fastidieux. Il se donne du mal à masquer les faiblesses d'une histoire trop convenu et de relations entre personnages si peu écrites. Et il faut dire qu'il y parvient. A moitié. Les miracles ça n'existe pas, mais il faut lui concéder qu'il n'a fait que de bon choix dans sa direction artistique. A mon sens, on ne pouvait guère faire mieux.
Ajoutons que les scènes de conduite, finalement rares (on en compte 2) et relativement courtes (la plus longue est celle d'intro et ne doit pas dépasser 5 minutes), sont d'une intensité incroyable. Jamais je crois que n'ai été autant saisi par de telles scènes, qui m'apparaissaient auparavant comme relativement sans intérêt, même les scènes de courses poursuites dans les films d'action... Je m'aperçois là, qu'avec du talent et un sens de la narration hors norme on peut vraiment tout faire.
Et puis cette ambiance! Tout simplement unique, une sorte de langueur hypnotique, qui parvient à faire passer même les passages les plus cuculs hollywoodiens, tellement le film à un ton inhabituel.
Je ne parviens pas à totalement être convaincu à cause de ce manque d'originalité, et un aspect 80's assumé avec lequel j'ai un peu de mal personnellement, mais décidemment Refn est un réalisateur à suivre, et son prix de la mise en scène à Canne n'est très certainement pas usurpé!

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