mardi 26 juillet 2011

Séance cinéma de juillet

Harry potter et les reliques de la mort, partie 1 et 2
de David Yates


Le film le plus attendu de l'année et peut-être même de la décennie. Pas pour moi en tout cas, surtout à la vue des précédents films tous plus décevants les uns que les autres.
Alfonso Cuaron et David Yates sont les deux seuls réalisateurs ayant bossés sur cette série qui remontent un peu le niveau, car ce sont les seuls qui ont eu une vraie "vision" de l'oeuvre. Bien entendu, cette vision est toujours entachée par celle de la production, qui veut rendre l'oeuvre toujours plus accessible, toujours plus simple, toujours plus fade finalement. Ce qui avait posé quelques problèmes au film d'Alfonso Cuaron, Le prisonnier d'Azkaban, terni par quelques graves coupes et par une fluidité narrative douteuse (alors qu'il suffit de voir n'importe quelle autre film de Cuaron pour être convaincu que s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas lui reprocher c'est d'avoir une narration d'une fluidité exemplaire).
David Yates, depuis qu'il est aux manoeuvres, s'évertue à rendre l'ambiance plus réaliste et garder une cohérence rythmique et narrative tout au long de ses films. Chose qui n'avait jamais été le cas auparavant. L'ambiance de plus en plus sombre des précédents opus, si elle était flagrante d'un point de vue purement visuel, pêchait par une approche trop "féérique" (jouant avec l'émerveillement que provoque la magie) et une réalisation trop axées sur les péripéties, ce qui au final empêchait la mise en place d'une véritable atmosphère angoissante, pesante, et réellement sombre... En cela Yates a apporté une vraie vision cinématographique, puisqu'en rendant ses films plus réaliste, il donne au récit un aspect tout à coup moins enchanté et donc bien plus terrible.
Restait le problème des coupes phénoménales, point noir absolu de tous les films de la série, et dont chacun à sa sortie à connu des remontrances plus ou moins virulente de la part des fans en furie. Il faut dire que les roman de J.K Rowling sont si denses qu'il devient quasiment impossible de réaliser des coupes sans oblitérer tout ce qui fait le sel de ses romans à savoir la qualité des intrigues (écrits comme des polars aux indices distribués au comptes goutte) et des relations entre les personnages (d'une finesse et d'un réalisme rare dans le genre du roman fantastique jeunesse).
Depuis au moins le 3eme volet de la saga, il paraissait évident aux fans qu'il serait indispensable de couper les films en deux. Ou de rallonger leur durée (de déjà plus de 2h chacun!). Ce qui était impensable pour les producteurs et distributeurs des films à l'époque. Bien dommage, quand on voit le résultat: des films rythmiquement irréguliers, qui manquent de fluidité, ou tout s'enchaine trop vite, où les personnages sont trop peu développés et où certains détails essentiels à la cohérence de l'intrigue sont laissés de côté...
L'arrivée de David Yates sur L'ordre du phoenix à permit non seulement d'accentuer l'atmosphère pesante qui s'accorde à l'évolution de l'oeuvre littéraire, mais aussi de trouver en lui le seul homme capable de faire des coupes cohérentes, qui, si elles sont parfois décevantes (certains passages parmis les plus intéressant de la saga sur la jeunesse de Voldemort dans le prince de sang mêlé on été "oubliées") permettent au film de garder une cohérence et une telle fluidité qu'on peut dire qu'il est le premier réalisateur de la série à réellement faire des films qui ressemblent à des films!
Il est également le seul à avoir pu faire plier producteurs et distributeurs en leur faisant comprendre qu'ils avaient tout à gagner en sortant deux films pour le prix d'un (mais d'un gros budget, certes).
Le choix de couper ce dernier épisode s'avérait donc à priori judicieux, autant du point de vue des spectateurs, qui devraient se retrouver face à une adaptation plus cohérentes et complète qu'elle n'a jamais été, que du point de vue des financiers, qui rentreront 2 fois plus d'argent. Le problème est qu'au final, cette affaire ressemble plus à une affaire de gros sous que de soucis artistique. En effet, les reliques de la mort est très certainement l'épisode de la saga le plus facile à élaguer ! Et on s'en rend vite compte en regardant la première partie du film, franchement mollassonne et creuse à souhait. Elle pourrait être résumée de façon très simple, sans aller jusqu'à la version volontairement satirique du blog d'un odieux connard, que voici:
"Résumé des épisodes précédents : Voldemort le vilain sorcier essaie de tuer Harry Potter depuis 7 films [...]. Las, le gentil héros a décidé de partir se changer les idées en faisant du camping avec ses amis Ron et Hermione. Mais c’était sans compter sur les méchants qui se décident à pourrir leurs vacances…".
En bref, les héros doivent rechercher les fameux Horcruxes dont ont apprend l'existence à la fin de l'épisode précédent. Le problème est qu'il ne savent pas où chercher ! On a donc une série de scènes de déambulations ou de questionnement statique, prétexte à développer certains aspects de la personnalité des personnages... Enfin, surtout prétexte à rallonger à mort... Ce problème d'inconsistance du premier film est essentiellement dut au livre, dans lequel, il est vrai, il ne se passe pas grand chose durant une bonne première moitié. On n'a plus le côté enquête qui faisait le charme -et donnait le rythme- des précédents opus, l'aspect aventure est relégué au second plan, reste les personnages, qui avouons-le tournent un peu en rond depuis quelques épisodes... D'où, pour moi, la sensation que ce dernier volume de la saga aurait put plus facilement être tronqué que les précédents...
D'aucun rugiront en me rappelant que cette première partie contient son lot de séquences "d'aventure". Oui, c'est vrai, comme la scène d'introduction ou celle du ministère de la magie, mais elles semblent plus être là pour relancer un peu la dynamique du récit qui pâtit grandement d'un manque de rythme évident. Elle ne suffisent pas à elles-seules à compenser le manque d'intérêt de la quasi totalité du film.

Venons-en à la 2ème partie, sortie ce mois de juillet 2011... Et bien, elle rattrape le coup. Non pas que le film soit merveilleux en soit, mais déjà, on ne peux nier qu'il s'y passe des choses ! On ne s'ennuie pas, les péripéties s'enchainent à un bon rythme, et le film parvient même à rendre prenant l'immense scène de bataille de la fin, alors que dans le livre un sentiment de confusion régnait, le lecteur survolait la scène plutôt que de la vivre (alors qu'habituellement Harry Potter est une série très immersive). Là, David Yates n'a jamais oublié de raconter, là où Gore Verbinsky (avec Pirates des caraïbes 3) et Peter Jackson (avec le 3eme volet du Seigneur des anneaux: Le retour du roi ) se sont plantés en exposant de grandes batailles sans intérêt parce que sans histoire. Pourtant, Steven Spielberg avait montré l'exemple il y a déjà 30 ans avec les Indiana Jones, et même le (lamentable) dernier volet savait raconter les scènes d'actions de façon à ne pas endormir le spectateur... David Yates, sans aller jusqu'à l'inventivité des meilleures scènes d'actions de tous les temps, parvient donc à maintenir l'intérêt, en maintenant les enjeux à l'écran, sans les diluer sous une masse d'informations annexes. Il parvient même à faire passer des sensations, choses nouvelles dans un Harry Potter au cinéma ! Il crée une atmosphère de désespoir et d'épuisement qui n'est certes pas originale, mais qui fonctionne ! Enfin une émotion non surfaite dans la série, choses sur laquelle tous les autres réalisateurs (lui y compris) s'étaient plantés jusqu'à présent, échouant lamentablement à retranscrire les sensations éprouvantes que le lecteur des romans peut ressentir par moment.
Notons néanmoins que le film n'est pas exempt de gros défauts, mais pour sa défense, la plupart étaient déjà dans le livre. Quelques scènes ou révélations bien tirés par les cheveux ternissent le tableau, mais globalement le film remplit son contrat de divertissement, et je dois avouer que pour la première fois depuis le début de la série au cinéma, j'ai passé un bon moment.
Notons aussi que si cette 2ème partie est tout aussi fidèle que la première, elle parvient en plus à rester d'une grande cohérence avec la série cinématographique (la présence des elfes de maison de Poudlard dans le combat final aurait été incohérente puisque les films n'ont jamais expliqués qu'une bonne centaine vivait dans les sous-sols du chateau préparant la popote pour les élèves), et à faire des choix judicieux (Harry brisant la baguette).
Sans parler de franche réussite, le film remonte -un peu- le niveau d'une série qui sur le papier avait toute les chances d'être une bonne série de divertissement et qui au final est plutôt inégale, voire très mauvaise...

Le choix d'allonger la durée du film et de le diviser en deux à été partiellement payante, mais c'est surtout dut à la configuration du roman. Néanmoins, il porte ses fruit sur la deuxième partie, la plus riche et variée. Mais ce choix aurait dut être celui des producteurs depuis bien longtemps, et c'est regrétable qu'il n'arrive que maintenant celà aurait pu éviter de gâcher le réel potentiel filmique de l'une des séries de roman d'aventure la plus enthousiasmante de ces dernières années...



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